Le projet de création d’un Lieu d’Accueil et d’Orientation pour jeunes femmes victimes de violences sexistes et sexuelles s’est fondé sur l’expertise conjointe des Observatoires des violences envers les femmes de Seine-Saint-Denis et de Paris, des services de l’Etat en Ile-de-France et en Seine-Saint-Denis, de l’association FIT « Une femme, Un toit » et de la Ville de Bagnolet. Cette expertise partagée s’appuie sur les observations des différent.e.s acteurs.trices et sur les enquêtes ENVEFF (2000 à 2002) et VIRAGE (2016 à 2018). Toutes s’accordent : les jeunes femmes sont les premières victimes de tout type de violences faites aux femmes.
Pourtant, les jeunes femmes sollicitent très peu les structures spécialisées. Le 5ème plan de mobilisation et de lutte contre toutes les violences faites aux femmes vient soutenir ce paradoxe en se référant notamment à une recherche-action menée par le Centre Hubertine Auclert en 2016 Recherche-action jeunes femmes victimes de violences-situation et parcours de jeunes femmes de 18 et 25 ans victimes de violences en Ile de France[1] : « Pourtant, seul.e.s 10% des appelant.e.s au 3919 sont des jeunes femmes, elles ne représentent que 11% du public accueilli dans les dispositifs spécialisés (Centre Hubertine Auclert, 2016) et elles sont faiblement repérées par les dispositifs jeunesse. Les jeunes femmes sont donc trop largement « hors radar » : le repérage est d’autant plus difficile qu’elles n’identifient pas toujours les violences dont elles sont victimes. C’est particulièrement vrai au sein du couple, dans lequel elles sont souvent en situation de dépendance financière et matérielle. C’est pourquoi l’action publique sera renforcée afin de faciliter la révélation des violences pour les jeunes femmes, tout en les accompagnant vers des dispositifs adaptés pour leur permettre de sortir des violences qu’elles subissent. »
Face à ces constats et à l’absence sur le territoire national d’un lieu dédié à ce public spécifique, l’idée de créer un lieu expérimental d’accueil et d’orientation dédié aux plus jeunes femmes victimes de violences parisiennes et séquanodyonisiennes a émergé. La responsabilité de ce lieu a été confiée à l’association FIT une femme, un toit au regard de son expertise spécialisée dans l’accompagnement des jeunes femmes victimes de violences.
Cette phase expérimentale est prévue pour 3 ans.
De part un important travail de partenariat territorial, le LAO est identifié comme un acteur central spécialiste des violences sexistes et sexuelles vers qui les différentes structures du territoire peuvent à la fois orienter les jeunes femmes et trouver une expertise et un appui technique.
Le repérage passe aussi par la mise en place d’actions collectives et individuelles. Des ateliers collectifs permettent de proposer un lieu bienveillant et ouvert où parler, poser des questions, trouver une écoute et des ressources. Ce lieu doit devenir un lieu de confiance pour les jeunes femmes
Des consultations individuelles, par exemple sur les questions d’accès aux droits et à l’information liées à la contraception, à l’IVG, ou des informations personnalisées sur les relations affectives et sexuelles, complètent les actions collectives et permettent un repérage très individualisé.
Il s’agit ici d’évaluer les situations, notamment le degré d’urgence, d’accompagner les jeunes femmes et de les orienter vers les dispositifs extérieurs de droit commun les plus pertinents.
L’accompagnement cherche à être le plus global et pluridisciplinaire possible, à la fois via les professionnelles du LAO et via les partenariats externes.
Une éducatrice spécialisée est la référente de la jeune femme afin d’être en mesure de faire le lien entre les différents partenaires et faciliter la coordination du projet individuel et la lecture de celui-ci par les jeunes femmes.
Si le LAO n’a pas vocation à assurer un accompagnement global, il permet de dispenser une approche holistique des violences via un suivi social spécifique, juridique, psychologique voire médical (contraceptive), psycho-socio-esthétique.
Le lieu d’accueil et d’orientation n’a pas vocation à se substituer aux différentes structures existantes mais bien de préparer et accompagner les jeunes femmes vers l’accès aux dispositifs de droit commun.
L’accompagnement s’effectue toujours avec la jeune femme, suivant ainsi ses demandes, son rythme, ses hésitations, pour construire avec elle son émancipation.
Lutter contre les violences faites aux femmes signifie aussi travailler à l’émancipation et la remise en main de la vie des femmes par les femmes elles-mêmes. La participation active et l’expérimentation des jeunes aux projets collectifs du LAO participe de cette reprise du contrôle de leur vie, de confiance en elles, d’actrice de leur vie. Se faisant, elles deviennent également non pas des seules bénéficiaires mais de réelles actrices, parties-prenantes de la dynamique du LAO. Impulser l’empowerment des jeunes femmes permet aussi de favoriser une dynamique d’égal accès aux droits dans leur vie quotidienne et donc de réinvestir les structures de droits communs (réinvestissement par les jeunes femmes, des centres de quartiers, des équipements sportifs, de l’espace public, des missions locales…).
Partenaires financiers :
Le Fonds Social Européen
Le Département de la Seine-Saint-Denis
La Région Ile-de-France
La préfecture d’Ile-de-France
La préfecture de Seine-Saint-Denis
Le Commissariat général à l’égalité des territoires
La Ville de Paris
Est Ensemble Grand Paris
La Ville de Bagnolet
La Fondation des Femmes
La Fondation l’Oréal
Le Fonds social juif unifié
Partenaires éducatifs
Enfin, des entretiens individuels ou actions collectives assurés occasionnellement par des partenaires externes enrichissent le travail de l’équipe :