Les Centres d'Hébergement et de Réinsertion Sociale (CHRS), au fonctionnement autorisé par l’Etat, sont des établissements sociaux et médico-sociaux au sens de l’article L.312-1 du code de l’action sociale et des familles et relèvent du disposition de la loi du 2 janvier 2002 (autorisation, droits des usager.e.s, tarification, contrôle, etc.).
Le CHRS « Les Univers’Elles » de l'association FIT une femme un toit s’adresse aux femmes âgées de 18 à 25 ans, en situation de vulnérabilité sociale et victimes de violences. Les violences sont entendues dans leur spectre le plus large : symboliques, psychologiques, économiques, physiques et sexuelles.
Le CHRS "Les Univers'Elles" est financé par la DRIHL de Paris. Certains projets bénéficient de subventions complémentaires, notamment la ville de Paris sur l’accès à l’emploi.
Des dons privés ponctuels viennent aussi compléter le financement des activités du CHRS. A ce titre, la Fondation Jeankerber a notamment financé depuis 2020 des travaux de rénovation du bâtiment qui accueille le CHRS. Par ailleurs, la Fondation « Goldman Sachs Gives » soutient financièrement des projets du CHRS depuis 2021.
Le CHRS propose :
Chaque résidente signe un contrat de séjour élaboré avec l’équipe éducative et la direction dans les jours qui suivent son admission. Ce contrat fixe les objectifs élaborés ensemble et les moyens proposés par l’équipe pour en accompagner l’atteinte. Dans les 6 mois, un avenant est élaboré et a minima chaque année le contrat est actualisé. La durée de séjour est personnalisée selon les attentes et besoins de chaque résidente, dans le respect du règlement de fonctionnement de l’établissement.
En 2022, 83 jeunes femmes ont résidé au CHRS "Les Univers'Elles" et 18 nationalités se sont côtoyées. La moyenne âge des jeunes femmes à leur arrivée se situe autour de 21 ans. En 2022, 88% des résidentes ont déclaré avoir été victimes de violences intrafamiliales, 65% ont subi des violences sexuelles (dont 48% de viols, 59% d'agressions sexuelles, 7% de viols par inceste) et 58% des violences conjugales. 30% des jeunes femmes hébergées au CHRS ont subi ou fui un mariage forcé et 27% déclarent avoir eu recours à la prostitution. Enfin, 10% des jeunes femmes hébergées ont subi des violences politiques dans leur pays d’origine.
En 2022, nous avons pu observer que les parcours des résidentes sont davantage marqués par une période d’errance avant l’arrivée au CHRS (83% d’entre elles contre 56% en 2021). Les situations de violences conjugales et/ou intrafamiliales sont un facteur déterminant du départ du domicile pour ces jeunes femmes et le déclencheur de leur parcours d’errance qui dure généralement depuis plusieurs mois, voire plusieurs années. Ainsi, à leur arrivée au CHRS en 2022, 86% des résidentes sont sans ressources financières. Une situation qui se dégrade par rapport à l’année dernière où elles étaient déjà 75% sans ressources à leur arrivée.
Les violences subies et la forte précarité ont des conséquences importantes sur leur état de santé. 77% des jeunes femmes connaissent des difficultés psychologiques, 73% des troubles du sommeil, 29% des troubles gynécologiques et 15% se sont déjà scarifiées ou automutilées. 33% ont déjà fait une tentative de suicide. Ainsi en 2022, 87% des jeunes femmes ont été orientées vers des services médicaux (contre 70% en 2021) et 69% des jeunes femmes ont été orientées vers des services de soins psychologiques (contre 60% en 2021).
Les violences subies ont pu également limiter leur scolarité. Ainsi, sur la totalité des résidentes hébergées en 2022 par le CHRS, la majorité ont quitté le système scolaire sans diplôme (47%). Elles sont 26% à être titulaire du baccalauréat, 11% d’un CAP/BEP, 5% à avoir atteint un niveau supérieur bac +2. Elles sont 13% à avoir arrêté les études à un niveau inférieur ou égal à la 3ème. 4% n’ont jamais été scolarisées. Nous observons que ces chiffres sont relativement stables depuis plusieurs années. Au-delà des trajectoires individuelles, cela tend à démontrer un impact significatif des violences sur la scolarité des jeunes femmes.
En 2022, à leur arrivée au CHRS, 85% des jeunes femmes étaient sans emploi. Cependant, l’accompagnement social au CHRS permet aux jeunes femmes de développer leur expérience professionnelle. Ainsi, en fin d’année, 44% des résidentes se trouvaient en situation d’emploi, dont 25% en CDI (à parts égales à temps partiel et à temps complet). Par ailleurs, 5 % travaillaient en CDD et 8% en contrat d’intérim. Les domaines d’activité les plus représentatifs sont les services d’aides à la personne et aux collectivités (40%), les services administratifs et commerciaux (20%), le secteur de la vente/distribution (19%), l’hôtellerie/restauration (11%), la santé/médico-social et la manutention (5%).